Les mots en usage parmi les Canadiens-Français, et qui ne se trouvent pas dans les dictionnaires usuels, peuvent être groupés dans les six catégories suivantes :
1° Les termes « vieux français, » tombés en désuétude en France, et conservés au Canada, soit dans toute leur intégrité, ou avec quelques légères modifications ;
2° Les différentes formes particulières à celles des provinces de France, qui ont fourni autrefois les plus forts contingents de colons pour le Canada. Nommons ici entr’autres la Normandie et la Saintonge. Ainsi que pour le vieux français, plusieurs de ces formes sont encore intactes, tandis que beaucoup d'autres ont été plus ou moins remaniées ;
3° Les mots absolument français, si l’on s’en tient à leur forme écrite ou parlée, mais ayant au Canada une acception différente du français moderne. Ces interversions, dont plusieurs sont des plus curieuses, sont surtout la conséquence directe du contact avec la population anglaise ;
4° Les canadianismes proprement dits, c'est-à-dire les nouveaux mots créés de toutes pièces au Canada ;
5° Les termes anglais et sauvages, écrits et prononcés tels que dans les langues originelles ;
6° Les termes anglais et sauvages, plus ou moins francisés.
]]>Pour la plus grande clarté du sujet, et afin de donner au lecteur toute facilité de comparer le franco-canadien au français de France, nous avons divisé ce premier livre en quatre parties, où seront successivement exposées les différentes formes résultant :
1° De la substitution d'une lettre à une autre : creyable pour croyable.
2° De la transposition d'une lettre : cocodrile pour crocodile.
3° De l'addition d'une lettre, au commencement d’un mot : écopeau pour copeau ; au milieu d'un mot : beluet pour bluet ; à la fin d'un mot : nanane pour nanan.
4° Du retranchement d’une lettre, au commencement d'un mot : planir pour aplanir ; au milieu d'un mot : ostiner pour obstiner ; à la fin d'un mot : bœu pour bœuf.
Il survient encore quelquefois d’autres substitutions. Nous voulons parler des cas où, au lieu de lettres seules, on se trouve en présence de syllabes, comme par exemple les diphtongues, les voyelles composées. Tous ces cas seront aussi inscrits dans leur ordre alphabétique.
]]>Achigan — agohanna — almouchiche — apola — assinabe — atoca — atosset — autmoin —babiche — batiscan — boucane — cacaoui — canaoua — canot — cancanwi — carcajou —caribou — cazagot — chichicoué — chouayen — dorie — esurgni — kakaoui — kayak — kini-kinik — kinkajou — machicoté — mackinaw — mahogany — malachigan — manitou —mascouabina — maskeg — maskinongé — matachias — michigouen — micouenne — micmac —mitasse — moccassin — mokok — munie — nagane, nugâne — otoka — ouache — ouiche — ouaouaron — oualamiche — ouananiche — oragan —ouragam — outiko — pagaie — pacane — pécan — pémican — pétouane — pichou — picouille — pimbina — pirogue — quiliou —sacakoua — sacaqué — saccacomi — sagamité — sagamos — shaqueman —sisiquoi — squaw — tamarac — succotash — tobogan— tomahawk—totem—touladi — wigwam — walamiche—wananiche — wampum — wapite — warni-cootai — warou — watap.
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Nous donnons plus loin une liste aussi complète que possible des principaux ouvrages consultés pour la préparation de ce dictionnaire. Toutefois notre devoir ne saurait se borner à cela, car plusieurs auteurs furent plutôt pour nous de véritables collaborateurs, et nous devons ici en toute justice attirer tout particulièrement sur eux l’attention du lecteur.
Inutile de nous appesantir sur les services que peuvent rendre, dans un travail philologique, les deux dictionnaires Littré et Bescherelle. Ces deux ouvrages sont les catéchismes mêmes qu’il faut avant tout consulter.
Le Dictionnaire de l’ancien langage français, par Lacurne, le Glossaire de la vallée d’Hyères, par Delboulle, et le Dictionnaire de Patois Normand, par Moisy, méritent aussi chacun une mention spéciale. A la vérité, il serait difficile, croyons-nous, de trouver de meilleurs guides pour l’étude des formes dérivées des anciens dialectes de France. Pour notre part, nous leur sommes redevables, non seulement d’avoir pu mettre à jour mainte étymologie obscure, mais en outre d’avoir pu compléter nos exemples à l’aide de nombreuses citations tirées des vieux textes français. Le commandement : « Rendez à César, etc. » s’applique ici pour nous dans toute sa rigueur, et nous lui obéissons d’autant plus volontiers, qu’il nous répugnerait de nous parer aux dépens d’autrui d’une réputation d’érudit, à laquelle nous n’avons aucun titre. Du reste, qu’est-ce en somme, après tout, qu’un dictionnaire quelconque, sinon une superposition de travaux lexicographiques antérieurs ? Nous avons agi en cela comme la plupart des lexicographes, c’est-à-dire que nous avons pris notre bien où nous le trouvions.
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